☆ Comment les autres vous voient ? Bien souvent, on me prend pour  une adolescente  ; avec mon chétif petit mètre 60  et mon tour de poitrine atteignant difficilement le 95 B, on me donne rarement plus de 20 ans... Je sais que certaines femmes pourraient l'envier, mais à mes débuts dans le monde de la recherche, on me méprisait pour mon jeune âge, mon apparence physique accentuant les remarques. Plusieurs fois on m'a traité de gamine ou demandé de retourner dans les jupons de ma mère, mais avec le temps, je m'y suis faite.
Désormais, je me fiche pas mal de ce que pensent les autres.

☆ Comment vous voyez-vous ? Je ne sais pas... D'un côté je ne supporte pas mon côté juvénile ; mon petit corps aux courbes enfantines et peut-être aussi les deux imposantes couettes que je me fais tous les jours. Mais de l'autre, je sais que cela crée finalement un certain charme et l'on a déjà complimenté la pureté enfantine qui se dégageait physiquement de moi.
C'est ambivalent, en fait, je pense. Il y a certains matins où je me dis que je devrais arrêter de me faire deux énormes couettes et opter pour une coupe de cheveux plus « mature », me maquiller et m'habiller différemment peut-être aussi, pour avoir l'air plus vieille... D'autres où je suis fière de ce corps qui est le mien, où j'assume pleinement mon poids-plume, ma petite poitrine, mes longues robes enfantines et ma coupe de cheveux hors du commun.

☆ Que préférez-vous chez vous ? Probablement ma chevelure. J'adore les cheveux très longs et pour le coup, les miens le sont : ils m'arrivent détachés un peu au-dessus des chevilles et sont d'un blond naturellement très clair, dû à mes origines terriennes dites « nordiques »... Bon, je sais que c'est assez peu commun d'en avoir d'aussi longs et que cela me demande beaucoup de temps d'entretien, mais je les apprécie tels quels. D'ailleurs, je les noue toujours en deux couettes, enroulées à la base, afin de créer comme des petits chignons. On me dit souvent que j'ai passé l'âge pour ce genre d'excentricité, mais personnellement, c'est un peu devenu ma marque de fabrique, un moyen d'apporter un peu d'originalité dans ce monde très aseptisé et carré qu'est la recherche.

☆ Que détestez-vous chez vous ? Ce que je déteste chez moi.. ? Je dirais, ma maigreur : je ne prends jamais de poids, j'ai une silhouette quasi rachitique. Beaucoup ont pensé que j'avais des tendances anorexiques et j'ai d'ailleurs subis de nombreux examens, mais sans jamais être diagnostiquée de quoi ce soit. Cela me complexe souvent, car je n'ai vraiment pas de formes ; ma poitrine est timide, je n'ai pas de fesses ni de hanches. Je trouve que ça ne me rend pas féminine, ni séduisante, et parfois, il est vrai que j'ai le sentiment que c'est là la cause de mon faible succès en amour...

☆ Que voudriez-vous changer ? Comme dit précédemment, je complexe pas mal sur ma maigreur en général, et je pense que j'échangerais volontiers mon corps pour un autre, plus en chair, avec une poitrine, des fesses et des hanches plus consistantes !

☆ Présentez-vous des particularités physiques ? Oui, un petit tatouage en forme de croissant de lune, sur le front. Il est le symbole par excellence du satellite terrien, et est probablement le symbole de mon attachement à notre planète natale, que j'aimerais bien pouvoir un jour observer de mes propres yeux...

☆ Partagez-vous le mode de pensée de votre Commandant ? Oui, je pense sincèrement que le progrès et la survie de l'humanité réside dans le développement des implants robotiques, afin de perfectionner le corps humain, de passer outre nos limites organiques en le rendant plus « optimal ». De plus, je respecte aussi profondément le Capitaine en tant que personne, pour sa droiture, sa détermination et son véritable sens de la justice. C'est un leader admirable, qui ne méprise aucune compétence et qui donne à chacun sa place, pourvu qu'il participe au bien de la colonie.

☆ Quelles sont vos peurs, vos phobies ? Mes peurs..? Et bien, je dirais peut-être les micro-organismes. J'ai souvent peur d'être infectée, ce qui me pousse à une hygiène peut être trop excessive, à tout aseptiser autour de moi.
A vrai dire, plus que les microbes en soi, c'est la maladie, la faiblesse  qui me dérange. « Etre physiquement incapable d'assurer ses fonctions, c'est une perte de temps » disait ma mère. Et moi, je ne veux pas le perdre, ce temps. Il faut que je progresse sans cesse dans mes recherches... J'ai vraiment besoin de me sentir utile, vous voyez ? Peut-être que ça aussi d'ailleurs, c'est l'une de mes peurs ..? Je ne sais pas, je n'ai pas la prétention d'être psychanalyste.  

☆ De quelle façon gérez-vous le stress ? De base, je suis plutôt résistante au stress et à la pression, grâce à l'éducation que m'a inculqué ma mère. Sinon, pour y faire face, je n'ai qu'un seul credo : Vaincre le mal à la racine. Cela peut paraître curieux, voir invraisemblable, mais on peut dire que le stress participe à me rendre plus productive en un sens. Car quand je sens la pression, j'ai ce besoin irrépressible de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour lutter contre, de ne pas rester passive et subir cette réaction physico-chimique de mon appareil cérébral.
Plus simplement, si je suis stressée par exemple, par la peur d'échouer dans quelque chose, et bien je vais travailler sans relâche, toujours plus, afin de limiter au maximum le pourcentage d'échec, et donc, mon stress.
Si malgré tout, l'angoisse persiste, disons que j'en viens à prendre certaines substances...

☆ Êtes-vous à votre aise au sein de la station ? Même si évidemment, je ne quitterais pour rien au monde Europa, j'apprécie grandement Quasar. Je souhaite que notre colonie devienne indépendante un jour, c'est vrai, mais la station reste le trait d'union de l'humanité. Elle est la seule chose qui nous rappelle que peu importe nos méthodes, nous avons un but commun : le développement et la survie de notre espèce.
J'y ressens d'ailleurs peut-être une ambiance plus "cosmopolite", due à sa "neutralité", que j'apprécie grandement. Cela créé un véritable brassage d'idéologies, surtout au sein du monde scientifique et de la recherche en général, qui est véritablement primordial. Car, même si je ne partage pas l'opinion callistienne ou ganymedienne sur le développement humain, toute connaissance ou recherche permettant la survie de notre espèce est, selon moi, primordiale et ne mérite aucunement le mépris.

☆ Quel comportement ou fait vous met en colère ? S'il y a bien une chose qui m'insupporte au plus au point, c'est bien la paresse et le manque d'investissement en général. Nous avons tous des compétences très différentes, de véritables singularités qui font que l'on ne peut tous contribuer de la même façon à l'avancée humaine... Mais je ne tolère nullement les individus vivant au crochet de la station ou de leur colonie, qui ne s'investissent pas pleinement à leur échelle dans la fonction qui est la leur. Et je dirais même qu'Europa étant ma patrie, cela m'exaspère encore plus là-bas, alors qu'en plus la politique du Capitaine vise à donner à tout le monde sa chance.

☆ Quels valeurs dictent votre pensée, vos faits et gestes ? Bon, je pense que vous l'auriez  déjà compris précédemment, j'accorde énormément d'importance au travail. Mes recherches sont le centre de mon existence, mon unique motivation dans la vie.
Aussi, un tel investissement professionnel implique inéluctablement d'autres valeurs qui y sont liées, telle que la rigueur ou encore l'exigence. Il est vrai que j'ai tendance à être peut-être perfectionniste et à très mal supporter l'échec... Mais cela me semble parfaitement logique, puisqu'on a toujours exigé de moi la perfection.
Malgré tout, m'investir autant dans ma fonction est loin d'être pénible, au contraire ! Je n'irais pas jusqu'à dire que ce n'est que du plaisir, mais j'ai toujours cultivé chez moi une importante curiosité intellectuelle. J'ai ce besoin d'apprendre, de découvrir, toujours plus, de repousser les limites. Et cela ne se cantonne pas à mon seul domaine de travail, je peux aussi être curieuse à propos d'un sujet d'étude très différent et me passionner pour !

☆ À quoi tenez-vous le plus ? Je dirais plus que mon travail, mon utilité, ma contribution à l'humanité. Cela peut paraître très orgueilleux dit comme ça, mais ce qui me fait carburer et me lever chaque matin, c'est de me dire que le progrès de notre espèce est à la clé. Le jour où je n'aurais plus cette utilité pour les autres, que mon travail ne servira plus à rien, alors, je suppose que ma vie aussi, du coup.  

☆ Qu’aimez-vous faire durant votre temps libre ? Je pense que déjà, je n'ai pas de réelle division temps libre/travail. Mais si le "temps libre" est tout le temps qu'il me reste, mes recherches et mes besoins primaires en moins, alors je pense qu'il s'agirait de la lecture. Je lis énormément, et depuis assez peu de temps, les livres des grands auteurs terriens. C'est vraiment fascinant, surtout pour moi, qui n'y suis pas née et qui n'ai jamais pu voir de mes propres yeux cette immense masse aqueuse nommée "mer"...
D'ailleurs, je suis en général fascinée par la Terre, son histoire et surtout les différentes cultures qui y étaient présentes, distinction qui n'existe plus depuis le lancement de Quasar. Comment imaginer une même espèce avoir des pratiques et des langues totalement différentes voir étrangères à cause d'une différence d'emplacement géographique..? Même ici, dans l'espace, on constate des "restes" de ces cultures, dans nos ethnies biologiques ou dans nos noms, c'est fascinant, vous ne trouvez pas ?

☆Comment votre enfance s’est-elle passée ? Je suis née en cuve, ai été sélectionnée et adoptée à l'âge de 3 ans par celle que j'ai par la suite appelée Mère. Une scientifique influente d'Europa, une femme froide et calculatrice. Je n'ai pas vraiment eu une enfance que l'on pourrait qualifier « d'ordinaire » ou d'insouciante... Je me souviens encore de son regard froid et de ma peau de porcelaine rougissant soudainement au contact dur de sa paume sur ma joue. De ses « Tu n'es qu'une bonne a rien » ou encore ses « Tes échecs me font honte. J'aurais du te laisser à une autre famille, tu n'as pas idée de la chance que tu as. »... J'avais peu d'amis, je travaillais beaucoup. Probablement trop. Je devais être parfaite dans tous les domaines, être la meilleure parmi les meilleurs à l'école. Je portais le nom de Björk, et avec lui, la postérité de cette « famille » si chère à cette femme. Adolescente, oui, j'ai même songé à disparaître, me sentant moins que rien... Je... Préférerais qu'on change de sujet.

☆Avez-vous un modèle à qui vous voulez ressembler ? Un modèle..? Non, je n'aime pas ce terme. Peut-être des personnes que je respecte profondément, que j'admire, oui, ça il y en a, mais pas de "modèles" à proprement parler. Plus jeune, c'était probablement ma mère. Je n'avais de toute façon pas vraiment le choix. Il fallait que je suive ses traces, que je perpétue son héritage, elle m'avait choisi pour incarner par delà sa mort son travail. J'avais été conditionnée pour la percevoir comme une véritable Déesse et le centre de mon existence...

☆Quel est votre meilleur souvenir ? Mon meilleur souvenir..? Ah, cela va paraître probablement stupide, mais mon premier amour me rend nostalgique ! Disons que depuis toujours, l'amour, ça ne m'a jamais réussi et mon contexte familial et désormais mon travail font que je ne peux pas vraiment m'investir dans une relation...
Mais je me rappellerais toujours de Tom. Il était dans ma classe, on avait tous les deux 16 ans. Il n'était pas un canon de beauté mais il avait ce petit sourire enfantin, cerné de petites fossettes qui me faisaient fondre. C'était mon seul ami, et j'en suis tombée folle amoureuse ! On s'est embrassés, je me souviens, un soir, cachés, par peur de ma mère. Je me rappelle encore de l'excitation de l'interdit, de son parfum acidulé et de ses grands yeux verts. Finalement, ça n'a pas duré bien longtemps, par peur de se faire prendre. On est restés encore quelques années de bons amis avant de se perdre de vue à l'âge adulte...Ah  repenser à tout ça me rend quelque peu nostalgique, c'est vrai.  

☆Quel est votre pire souvenir ? Je... Je préférerais éviter d'en parler, c'est... C'est encore assez sensible, même après tant d'années je... C'est obligatoire ? Et bien, je pense que vous devriez le deviner, c'est dans mon dossier médical... Ma tentative de suicide à l'âge de 13 ? Non, 14 ans..? Je ne suis même plus sûre... Je préférerais éviter de rentrer dans les détails mais voilà, l'adolescence, c'est compliqué émotionnellement à cause de l'activité hormonale et puis je vivais dans des conditions compliquées, la pression et la peur d'être abandonnée étaient tellement importantes que j'ai craqué... Après cela, le regard de cette femme ne s'est pas attendrie, non, loin de là ; elle m'a d'ailleurs encore plus surveillée et avait parfois tendance à me faire ingurgiter des substances disons, stimulantes, afin de tenir le coup, de ne plus flancher. Mais je préférerais éviter de m'étendre sur le sujet, s'il vous plaît.

☆Quel est votre métier ? Je suis neuroscientifique, spécialisée dans la recherche transhumaniste, c'est-à-dire, le remplacement de matière organique par des prothèse robotiques. Je m'occupe notamment de la connexion nerveuse de ces dites "prothèses". Je commence aussi des recherches approfondies sur la plasticité cérébrale et aimerais bien, à terme, inventer avec un ingénieur des neurones synthétiques qui permettraient de remplacer des parcelles de cerveau entières... C'est pour le moment plutôt utopiste, mais qui sait..?

☆Pourquoi avoir choisi cette branche professionnelle ? Regrettez-vous ? Même si on m'a obligé à suivre la voie scientifique et la recherche, j'ai finalement réussi à véritablement y prendre goût. J'adore mon travail, mes recherches occupent le centre de mes pensées et me motivent à toujours plus repousser mes limites. Tenter de faire avancer le progrès scientifique me donne une vraie raison de vivre et de continuer d'avancer, chose qu'il n'aurait peut-être pas été possible dans un autre domaine professionnel.

☆Comment vous-voyez vous dans vingt ans ? Je n'aime pas tenter d'imaginer le futur, ou en tout cas, pas le mien. Je ne crois pas en un principe de destinée ou quoi que ce soit du genre. J'ai conscience qu'à tout moment, tout peut être chamboulé et basculer, positivement comme négativement. Et puis, visualiser, m'imaginer un futur tout tracé, c'est un peu comme faire revivre en moi ma défunte mère, qui avait décidé dès le départ de mon futur tout entier.

☆Avez-vous des remords ? Des remords..? Non. Des regrets, oui, beaucoup. J'aurais aimé connaître la chaleur d'un foyer aimant, un environnement protecteur dans lequel me construire, plus jeune. Peut-être aurais-je été bien différente, peut-être ne serais-je même pas devenue scientifique... Je ne sais pas... En tout cas, ma mère décédée, je peux enfin essayer de me reconstruire en tant qu'adulte et parler de cette enfance que je n'abordais jamais auparavant.

☆Comment imaginez-vous l’avenir de la station ? Honnêtement, nous reprendrons jamais contact avec la Terre. Je pense que si nous avons perdu le signal, c'est que l'espèce humaine s'y est très probablement éteinte. L'avenir de l'humanité et notamment de la population de Quasar devrait d'après moi à moyen terme accepter la dure réalité et s'installer et développer plus activement les colons naissants sur les Lunes de Jupiter. Je sais que ce n'est pas dans mon habitude d'être défaitiste, mais nous ne réparerons pas ce moteur dans les siècles à venir, il faudrait se faire une raison, nos ressources limitées ne nous le permettent pas. Ça ne serait que du gaspillage d'après moi. Il faut que l'on trouve d'abord le moyen de nous installer durablement sur les Lunes afin d'assurer la survie de notre espèce avant de songer à repartir à la recherche d'autres planètes.