☆ Comment les autres vous voient ? Gamine crasseuse, mécano insignifiante. Une sale gosse qui passe sa vie dans une combinaison sale aux tâches collantes, les mains dans l'essence et le cambouis, à regarder les étoiles et l'éclat disparu de ses outils. Une petite irresponsable qui a toujours le dernier mot, toujours quelque chose à dire, qui ne sait que faire tourner en bourrique et qui ne pense qu'à s'enfuir. Courir, partir, loin sur des terres que personne ne connaît, où elle peut aller se balader en longeant les endroits qu'elle doit manutentionner. Les gens l'envient pour ses fuites, la maudissent pour ses cris et ses jérémiades, choisissent de ne pas penser à elle pour s'épargner un gros mal de crâne.

☆ Comment vous voyez-vous ? Adulte aux airs d'enfants, rêveuse indéchiffrable. Ksénia n'a rien de bien spécial et elle le sait. Elle n'a que ses lubies et ses grands airs, ses pulsions et son sale caractère. De son visage peu délicat elle ne voit que les défauts ; sa bouche tordue, ses yeux narquois, les pommettes de ses joues qui lui donnent un sourire mauvais. De son corps pas assez grand elle ne voit que l'imperfection, elle n'y voit que ce qu'on y voit, et espère quelque part que l'image qu'elle reflète est plus romantisée que la réalité.

☆ Que préférez-vous chez vous ? Neutre, détachée. Elle ne se hait pas, ne s'aime pas non plus, elle ne se donne pas assez de temps pour se faire une opinion. Rien n'est chez elle trop mauvais pour être détesté et assez beau pour être aimé ; Ksénia n'y pense pas, ne s'y intéresse pas. Elle ne vaut pas la peine qu'on pense à elle comme ça, et ne pense pas avoir quelque chose de particulier, rien qui ressort rien qui lui plaît.

☆ Que détestez-vous chez vous ? Désespérée, attristée. Ksénia regrette bien sûr sa féminité, oh qu'est ce qu'on la regarderait plus si elle était plus jolie ou mieux apprêtée. Mais même si elle espère elle sait au fond d'elle que ça ne sert à rien de rêver, que jamais elle n'aura la délicatesse, la grâce qu'elle a toujours désirée. Et ça la ronge, de se dire que peut être elle aurait pu être plus jolie, plus douce, plus agréable, plus tout ce qu'elle n'est pas et qu'elle n'a jamais appris à être.

☆ Que voudriez-vous changer ? Tout, rien. Indifférente quant à son corps, quant à elle-même, qu'est ce que ça pourrait bien lui faire de changer l'extérieur ou même l'intérieur d'une personne si quelconque. Non, s'il y a quelque chose à améliorer, c'est un tout ; absolument tout remplacer. Ses bras, ses jambes, son visage aux traits marqués, sa brutalité, son manque d'humanité. Mais peut être que Wothan et ses idées sauront l'aider à se décider.

☆ Présentez-vous des particularités physiques ? Destruction, remplacement. Ses jambes ont été séparées de son corps lors d'un accident, et remplacées par des membres robotiques de substitution. Elle n'y fait plus attention, au son métallique de ses articulations, au reflet trop vif de ses chevilles en dessous de son pantalon. Tout ça pour elle c'est trop beau pour le renier : ce n'est pas une tarre c'est une bénédiction, un cadeau de compensation pour avoir arraché de son corps ce qui un jour aurait pourri et disparu.

☆ Partagez-vous le mode de pensée de votre Commandant ? Hésitation, manque de confiance. Elle ne sait pas si son commandant a la science infuse et s'il peut résoudre les problèmes de l'humanité ou de la station, mais c'est aux yeux de Ksénia l'un des rares enclins à le faire. Persuadée que terraformer, modifier, imposer n'est pas une solution viable pour une espèce comme la nôtre, elle préfère croire qu'en évoluant assez plus personne ne souffrira des problèmes qui durent depuis bien des années. Évoluer se dépasser, grandir comme une race digne de s'imposer ; ce sont de bien belles paroles vomies de la bouche d'une enfant qui aimerait déjà grandir elle-même.

☆ Quelles sont vos peurs, vos phobies ? Le vide le vide le vide. Elle est apeurée, terrifiée, si fermement saisie qu'elle en perd la raison la logique la réflexion la fierté. Ce n'est pas - plus - que le vide de l'espace, c'est aussi et surtout les conversations creuses, les bras gelés loin de la chaleur humaine, le silence si grand si fort qu'il lui en tord le cou - ça la glace la pétrifie, lui met le cœur en miette. Mais peut être un jour elle finira par y survivre Ksénia, en y mettant tout ce qu'elle peut, en espérant pour des jours plus heureux.

☆ De quelle façon gérez-vous le stress ? Passion, distraction. Elle fait semblant que rien n'existe et elle s'enferme, dans sa bulle dans son coin rien qu'à elle, avec sa musique et ses collections. Des choses qui confortaient les autres quand ils habitaient sur Terre avec toutes ces babioles, ces inventions d'évasion, ces objets morts dont la beauté n'a pas encore disparu. Elle prétend, elle fait comme si de rien n'était, elle attend et attend que ça passe parce que c'est tout ce qu'elle peut faire, ravaler sa fierté.

☆ Êtes-vous à votre aise au sein de la station ? Incomprise, séparée. Quasar est son berceau, sa maison depuis toujours et elle n'a rien connu d'autre que ses murs et ses étoiles ; mais elle hésite encore à y réfléchir, sans trop le dire, elle se dit que peut être ce n'est pas à elle d'être là. Des fois Ksénia croit que ce n'est pas sa place, pas son droit d'être là de lutter comme ça - elle se dit qu'elle aurait peut être été plus utile sur Terre, là où elle aurait pu se cacher derrière les autres, derrière la foule qu'ici elle redoute. Mais elle sait qu'elle ne peut pas courir, s'enfuir, alors elle tourne en rond avec le sourire comme si c'était bon.

☆ Quel comportement ou fait vous met en colère ? Séparation, privilégier - abandonner. L'individualisme et l'égocentrisme mettent Ksénia dans des états qu'on ne peut décrire avec des mots appropriés. Elle les hait les égocentristes, elle leur crache dessus comme à la peste, eux qui ne veulent pas de solidarité dans un monde si froid, qui oublient qu'ils sont seuls au monde - en proie à un univers qui ne veut visiblement pas d'eux ; même si elle les comprend au fond, car rien n'est plus doux que l'embrassade tendre de l'attention toute tournée vers soi. Et peut être bien qu'elle est égocentrique elle aussi, à ne rien vouloir voir ne rien vouloir dire, petite Ksénia.

☆ Quels valeurs dictent votre pensée, vos faits et gestes ? Envie, pulsion dégénérée. Toujours elle est prête à succomber, à se dire que si la petite voix dans sa tête lui dicte des actes insensés c'est peut être légitime d'y penser. Mais elle sait, elle se répète, qu'agir dans le plus grand soin est un principe auquel elle ne doit pas échapper : elle ne veut blesser personne, ne surtout pas les déranger, tout ce qu'elle veut c'est arrêter de penser et essayer de s'amuser. Ksénia n'est pas très forte pour penser - elle s'embobine s'emberlificote et se retrouve toute emmêlée dans ses idées, idées noires quand elle se dit qu'elle devrait faire mieux, différemment, ou un peu moins laid ; mais sa valeur à elle c'est d'au moins essayer sans trop le regretter.

☆ À quoi tenez-vous le plus ? Nostalgie, curiosité. Elle collectionne, mieux elle accumule, des petits morceaux de passé brisés ; des babioles oubliées et échangées, des souvenirs de choses qu'elle n'aurait pas soupçonner d'exister. Plus particulièrement elle affectionne les choses de la Terre, elle n'est pas difficile et il y en a ici des milliers laissés pour compte ou abandonnés, elle voudrait tous les comprendre les saisir et à nouveau les aimer - leur redonner vie, celle qu'ils avaient avant de s'arrêter. Ksénia les aime parce que comme elle, personne ne les veut et personne ne viendra les chercher ; elle se sent à leur côtés dans une paix qu'elle n'aurait pas espérer connaître, perdue ainsi loin de toute lumière de son vrai foyer.

☆ Qu’aimez-vous faire durant votre temps libre ? Rêvasser, farfouiller. Se salir les mains est son métier, et mieux vaut pour elle de se tenir les mains occupées. Elle est bien curieuse Ksénia, à s'intéresser autant à la Terre sur laquelle elle n'a pourtant jamais mit les pieds, mais elle ne peut pas s'empêcher de voir ces mers ces forêts ces déserts - elle ne peut pas s'empêcher de rêver du jour où elle pourra y poser le pied, victorieuse et soulagée, en se disant qu'enfin elle pourra se sentir à la maison pour la première fois depuis une éternité.

☆Comment votre enfance s’est-elle passée ? Nuisance, non-fini infini. Élevée par son père depuis son plus jeune âge, Ksénia n'a pas beaucoup connu sa mère, qui appelée par le devoir passait bien plus de temps en laboratoire qu'à la maison avec sa progéniture. Elle a reçu l'éducation qu'il lui fallait, l'affection qu'on lui devait, le bonheur qu'elle méritait - mais quelque chose lui a toujours manqué, quelque chose de doux de féminin, une caresse tendre et maternelle. Elle aurait aimé combler ce vide, si sa mère avait été plus proche et plus impliquée peut être qu'elle aurait pu y arriver ; mais avec des si elle aurait pu refaire le monde tant de fois.

☆Avez-vous un modèle à qui vous voulez ressembler ? Paire, rêve de grandeur. Car il est le seul à l'avoir soutenue, le seule à l'avoir vue se battre grandir s'épanouir, son père est son seul modèle. Ksénia ne voit rien de plus grand que son paternel, capable de tant alors qu'elle n'est capable que de fuir : elle veut devenir aussi grande, si plus que lui ; elle veut faire autant de bien que son père a pu faire, procurer autant de bonheur avec trois fois rien, aider avec amour ceux qui en ont besoin. Mais Ksénia est trop froide, trop figée pour tout ça, alors elle le regarde et elle rêve de son père, et du jour où c'est lui qui sera fier quand il la regardera.

☆Quel est votre meilleur souvenir ? Mélancolie, fragment de passé et de beauté. Quand elle regarde son amas de vieux jouets, de rouillés et délaissés abjects objets, Ksénia se rappelle du temps où elle a commencé à collectionner. Le premier jour, son père était rentré avec une babiole inutile dont il ne savait que faire, et lui avait confié par dépit ; et elle l'avait regardé sous tous les angles, retourné encore et encore en tentant d'en déceler les secrets, d'en lire l'histoire entre deux boulons encrassés, et y était restée des heures et des jours entiers. Et cette sensation passionnée, cette chaleur de curiosité qui lui donnait envie de courir dans tous les sens, c'est ce jour là qui l'a poussée à ainsi récupérer toutes sortes d'objets sans valeur pour les uns, mais d'un trésor immense pour elle.

☆Quel est votre pire souvenir ? Horreur, déchirement. Vide. Vide. Vide. Vide. Vide. Vide. Vide toujours depuis deux ans en arrière, elle est toujours emmêlée mélangée et ne sait pas quoi en penser. Son ventre en est encore noué, noyé dans des nausées maladives quand elle s'imagine remettre un pied dans le vide de l'espace vaste et sombre ; et elle sent dans ses jambes qu'elle n'a plus depuis, qu'elle voudrait courir s'enfuir encore plus qu'elle n'en a déjà envie, mais que rien dans sa combinaison dépressurisée peu à peu ne pourra la sauver.
Cette mission de maintenance d'un réacteur de la station, elle la voit toujours la nuit quand Morphée vient l'enlacer ; elle voit toujours le vide, le souffle qui s'enfuit de sa sécurité, le vent froid de l'espace qui agrippe ses jambes et les éclate contre la paroi métallique. Et Ksénia est toujours pétrifiée même derrière la protection bienveillante de ces murs épais, elle a peur d'encore devoir ramper loin du vide hyper-spatial qui lui a une fois déjà ôté ses jambes de ses mâchoires gelées.

☆Pourquoi avoir choisi cette branche professionnelle ? Regrettez-vous ? Amertume, espoir. Rien que pour cette rencontre qu'elle n'aurait jamais du faire, ce sacrifice contre rien d'autre que son honneur et le déchirement de son être, elle s'en veut d'avoir voulu mimiquer son père - en vain. Peut être que ce n'était pas pour elle la mécanique, et qu'elle n'aurait jamais du vouloir égaler son père ; quelle folie, quelle impertinence, comme si elle Ksénia la naine pouvait bien faire. Alors elle pense à changer, à disparaître pour réapparaître un peu plus loin à côté, dans quelque chose de différent où elle aura peut être sa chance - mais elle n'a rien d'autre que son père, que sa mécanique et ses beaux jouets, et Ksénia ne sait que faire de mieux que de continuer.

☆Comment vous-voyez vous dans vingt ans ? Vide. Vide. Vide. Ksénia ne veut pas s'éterniser, elle ne veut pas que la nouvelle race humaine soit fondée avec elle qui ne ferait que d'autant plus l'abîmer. Fuir, c'est tout ce à quoi elle peut rêver : aller loin, à l'autre bout d'une galaxie que personne ne connaît, en semant derrière elle une pluie métallique de vieux objets. Car elle est bien seule Ksénia, et qu'elle n'a rien à perdre rien à laisser à part peut être quelques boulons et quelques clés, et que l'envie de jour en jour diminue comme disparue, et que demain est déjà bien trop loin pour y penser ; alors l'avenir, le vrai, elle le toise d'un air dédaigneux et elle se dit que ces fantasmes de réalité ne sont pas pour elle, qu'elle a beaucoup d'autres choses à penser.

☆Avez-vous des remords ? Fierté, refus de regretter. Elle garde la tête haute, elle se dit que tout ce qui lui est tombé dessus était fait pour arriver ; pas jusqu'à en être la protagoniste d'une prophétie ou d'un destin plus grand, mais sûrement assez pour qu'elle accepte qu'elle ne peut rien faire au passé. Ksénia ne veut pas se fatiguer à se rappeler à pleurer à s'enfoncer, ni à jouer aux dieux et à croire si bien qu'elle peut changer ce qui lui est réservé ; elle prend ce qu'on lui offre et fait ce qu'elle peut avec ce qu'on lui a donné, pas le mieux pas le pire, juste assez pour continuer à exister.

☆Comment imaginez-vous l’avenir de la station ? Incertaine, mitigée. Elle reste discrète, elle hésite à se prononcer. Sûrement qu'en vue de son implication dans la station et son fonctionnement, elle n'a pas vraiment le droit de dire quoi que ce soit ; mais Ksénia ne souhaite que du bon aux autres, et elle espère que chacun puisse arriver à son but, surtout l'Amiral. Quoi que tout le monde ne fasse pas forcément les bonnes choses pour perpétuer l'humanité, elle croit qu'il y a un certain pourcentage de chance que la station ne s'arrête pas de fonctionner totalement avant qu'une colonie soit établie en lieu sûr, et qu'elle ne soit pas anéantie immédiatement par les conditions climatiques ou pas la faune locale.